Quelques lectures

Compte-rendu de quelques lectures récentes, petit choix subjectif et sans prétention, dans des domaines divers liés de manière plus ou moins explicite à la théologie.

Bande dessinée

Marc-Antoine Mathieu, Dieu en personne, Delcourt 2009.

Un beau jour - on ne sait pas exactement où, mais l’action se déroule en ce début du 21e siècle -, Dieu débarque sur terre. Dieu "en personne". Objet des toutes les questions et de toutes les attentes, qu’elles soient existentielles, commerciales ou autres, il sera finalement traduit en justice.

A travers le récit de ce procès en magnifiques dessins noir/blanc, l’auteur revisite plusieurs siècles de débats sur l’existence de Dieu et la théodicée, tout en décortiquant les contradictions du monde contemporain.

Théologiquement, c’est bien plus intéressant que les adaptations BD de la Bible chez le même éditeur.

Roman

Tristan Egolf, Le Seigneur des porcheries, trad. de l’anglais par R. Lambrecht, Gallimard 1998.

L’histoire de John Kaltenbrunner, anti-héros improbable qui mourra misérablement après avoir mené une grève des éboueurs dans une petite ville des fins fonds des Etats-Unis.

Un style fracassant et jouissif, une parabole à la fois lucide, noire et sans concession sur l’être humain et le semblant de société contemporaine dans laquelle il patauge. Et très probablement l’une des figures christologiques les plus inattendues de l’histoire de la littérature...

Histoire

François Walter, Histoire de la Suisse, t. 1, L’invention d’une Confédération (XIVe-XVe siècles), Alphil - Presses universitaires suisses 2009.

Ce petit livre, édité en format poche, est le premier d’une série de 5 tomes qui a pour ambition de retracer à grands traits l’histoire de la Suisse. Le pari, plutôt bien réussi, est de donner des lignes d’interprétation générales, dans de brefs chapitres destinés à un large public.

Ce premier tome n’épargne pas les mythes de l’historiographie helvétique. Le récit qu’il fait de la Réforme pourra paraître un peu sommaire au lecteur théologien, mais son intérêt est ailleurs : il met en perspective l’histoire de la (ou plutôt des) Réforme(s) dans l’histoire sociale, politique et culturelle plus large avec une concision remarquable.

Art

E.H. Gombrich, Histoire de l’Art, Phaidon (16e édition).

La découverte de cette Histoire de l’Art est l’une de mes plus incroyables expériences de lecture ! L’ouvrage est imposant, par son ampleur et sa virtuosité ; mais rares sont les livres aussi denses et aussi accessibles à la fois.

Gombrich est un excellent pédagogue, dans le sens le plus noble du terme. Il offre à chaque fois les clés d’interprétation les plus importantes permettant de comprendre les enjeux essentiels d’un courant artistique.

Les yeux du lecteur s’ouvrent ainsi avec une facilité déconcertante sur les œuvres qu’il découvre au fil de cette histoire qui se dévore comme un roman.

 

Vital Gerber